Histoire des CLK GTR, CLK LM et CLR

on vous présente l’histoire plutôt « flyée » des CLK GTR, CLK LM et CLR, qui vous le verrez, s’apparente à une véritable tragédie grecque qui se déroula en trois actes à la fin des années 90.

CLK GTR 1997

En 1996, Mercedes remporta le championnat ITC (International Touring Car Championship) avec une version hautement modifiée de la Classe-C, devançant Alfa Romeo et Opel qui se retirèrent du championnat à la fin de la saison vu les coûts trop élevés de recherche et développement. N’ayant plus d’amis avec qui jouer, Mercedes se tourna vers le nouveau championnat FIA GT, où se trouvaient des manufacturiers plus sérieux comme Porsche, Ferrari et McLaren. En seulement 128 jours, ils arrivèrent à construire une toute nouvelle voiture à partir d’une page blanche, la CLK GTR. Son look était inspiré de la nouvelle Classe CLK, et son moteur V12 était une version hautement modifiée de celui de la S600 de l’époque. Après un début désastreux ou ils terminèrent 20 tours derrière la McLaren F1 LM, Mercedes peaufina sa voiture pour terminer en deuxième position la course suivante et gagna cinq des sept épreuves suivantes pour finalement remporter le championnat dans la catégorie GT1. Le règlement de cette catégorie obligeait les manufacturiers à produire au moins 25 unités « de route », ce qui donna naissance à la Mercedes-Benz la plus extrême de tous les temps. Pour 1,5 million d’euros, vous obteniez une version légale sur la route de la CLK GTR de course, munie d’un V12 de 6,9 litres de 600 chevaux, capable d’atteindre une vitesse maximale de 345 km/h, et arborant l’étoile argentée sur le capot. 20 modèles coupés et 6 modèles décapotables furent produits et vendus à travers le monde.

CLK LM 1998

Après leurs succès en 1997, Mercedes décida de participer aux 24h du Mans avec la CLK LM, une version retravaillée de la GTR où l’aérodynamisme et la fiabilité étaient mis de l’avant. Le V12 fut donc remplacé par un V8 plus fiable sur de longues distances, et l’appui à l’avant fut réduit pour lui permettre d’atteindre une plus grande vitesse maximale. Malgré un départ prometteur aux 24h du Mans où leur voiture se qualifia en première position, Mercedes dû retirer ses bolides de la course après plusieurs défaillances moteur. Néanmoins, la CLK LM remporta à nouveau le championnat FIA GT en gagnant presque toutes les courses. La domination était si totale que pour l’année suivante, tous les manufacturiers présents se retirèrent de la catégorie, ce qui mis fin à la classe GT1. Encore une fois, Mercedes-Benz n’avait plus d’amis avec qui jouer…

CLR 1999

En 1999, Mercedes n’avait autre choix que de participer uniquement aux 24h du Mans, ayant été victimes de leurs propres succès en FIA GT. Ils créèrent ainsi la version ultime de leur CLK GTR, la CLR, qui repoussait les limites aérodynamiques de la voiture au maximum et celles de son V8, maintenant d’une grosseur de 5,7 litres. Après plus de 22 000 miles de tests sur plusieurs circuits, l’écurie Mercedes était prête à prendre part à la course d’endurance la plus célèbre au monde. Malheureusement, c’est là que les choses deviennent « flyée »… Lors des qualifications, la CLR #4 de Mark Webber s’envola littéralement dans les airs lorsqu’elle sortit de l’aspiration de la Audi R8 R qui la précédait. Heureusement, Webber ne subit aucune blessure et la voiture fut reconstruite pour la course du samedi. Toutefois, lors de la session de pratique juste avant le départ, la CLR #4 de Mark Webber s’envola encore une fois dans les airs. De toute évidence, la CLR avait un réel problème aérodynamique. Après plusieurs réunions avec le chef aérodynamicien de l’écurie, Adrain Newey, et seulement 4h de jeu pour trouver une solution avant le départ, Mercedes décida d’aller de l’avant en ajoutant de petites allaites au pare-chocs avant et donna l’ordre à ses pilotes de ne pas suivre les autres voitures de trop près. Cette décision est à ce jour l’une des pires de l’histoire de la marque. Après un bon début de course, les deux CLR restantes se retrouvèrent à l’avant du peloton. Mais au tour 76, le pilote Peter Dunbreck s’approcha trop près de la Toyota qui se trouvait devant lui sur la longue ligne droite Mulsanne, et à son tour, il décolla dans les airs. Mercedes se retira immédiatement de la course et l’équipe quitta le circuit dans la honte. À ce jour, Mercedes n’est jamais retourné aux 24h du Mans.

Aujourd’hui, en rétrospective, on ne peut pas dire que la CLR était une voiture conçue avec des erreurs de débutants. La preuve, Adrain Newey est toujours considéré comme le plus grand de sa profession en F1. L’aérodynamisme de CLR était tout simplement trop à la limite. D’ailleurs, Porsche et BMW eurent les mêmes problèmes en 1998 et au début des années 2000. La course automobile est un laboratoire à ciel ouvert pour les manufacturiers et en repoussant les limites, les accidents sont inévitables. Heureusement, l’histoire des CLK GTR, CLK LM et CLR a permis de créer une véritable légende pour les amateurs d’automobiles et c’est sans doute pourquoi les versions « de rue » de ces voitures se vendent aujourd’hui à des prix avoisinant les 5 millions $ US.