Page d'histoire Mercedes-Benz Type 18/100 Grand prix 1914
10 février 2021, Mercedes-Benz de Sherbrooke
Le 4 juillet 1914, cinq Mercedes Type 18/100 se positionnent sur la ligne de départ du Grand Prix de France près de Lyon. L’atmosphère est tendue. Moins d’une semaine auparavant, l’archiduc autrichien Franz Ferdinand était assassiné à Sarajevo. Les rumeurs d’une guerre éminente et inévitable se font entendre dans les murmures de la foule. Malgré tout, les spectateurs sont présents au circuit et s’attendent tous à une victoire française du pilote Georges Boillot, vainqueur de l’épreuve en 1912 et 1913 au volant de sa Peugeot.
Mais cette année-là, la compétition allemande s’annonce plus féroce que jamais. L’écurie Mercedes semble confiante. Les cinq Type 18/100 sont déjà prêtes. Les mécaniciens n’ouvrent même pas les capots avant la course pour éviter de dévoiler leur arme secrète. Mais les écuries Peugeot et Delages ne sont pas dupes. Juste au son, ils savent que les moteurs 4 cylindres en ligne Mercedes sont presque certainement conçus sur la base des technologies aéronautiques de l’époque. Ils avaient raison. En fait, les moteurs des Type 18/100 avaient été fabriqués avec l’aide de la division des moteurs d’aviation de la Daimler Motoren Gesellschaft (DMG) et pouvaient tournés à 3500tr/min., soit le double de ceux de la saison précédente!
Chaque moteur utilisait un carter en aluminium, des cylindres en acier munis de quatre valves chaque, contrôlées par un arbre à cames en tête simple plutôt que double. Puisque les pistons n’étaient munis d’aucun anneau (ring), le moteur utilisait beaucoup d’huile et devait être alimenté par une pompe manuelle opérée par le mécanicien à bord – car à l’époque, chaque pilote était flanqué de son mécano pendant la course! Pour éviter que les bougies s’encrassent, les ingénieurs en installèrent quatre pour afin d’optimiser la fiabilité.
À l’époque, utiliser les technologies mécaniques de l’aviation, considérées plus fiables, était une excellente stratégie puisque les courses n’étaient pas souvent gagnées par les voitures les plus rapides, mais bien par celles qui réussissaient simplement à franchir la ligne d’arrivée. Pour s’assurer de la fiabilité des nouveaux moulins, les pilotes Mercedes n’accumulèrent rien de moins que 30 000 miles au volant des Type 18/100 dans les mois précédents lors de tests effectués sur le circuit de Lyon! Rien n’était laissé au hasard pour cette course.
Trente-sept voitures prirent le départ du Grand Prix de France de 1914 et seulement onze virent le drapeau à damier à la fin du 20e tour. Après plusieurs abandons dans les premiers tours, la bataille pour la tête était entre la Mercedes du pilote Lautenschlager et la Peugeot de Boillot. Ceux-ci donnèrent tout un spectacle avant que la Peugeot du pilote français rende l’âme et se voit doublée par les Type 18/100 de Wagner et Salzer qui terminèrent en 2e et 3e place. C’était le premier triplé de l’histoire de Mercedes.
Pour célébrer cette victoire, Mercedes envoya à la presse automobile un document décrivant de long en large les spécifications techniques de leurs voitures dans le but d’améliorer la compétition pour l’année suivante. Malheureusement, le Grand Prix de France n’eut pas lieu lors des quatre années suivantes qui furent marquées par la Première Guerre mondiale où parmi les millions de victimes se trouvait le pilote français Georges Boillot, décédé aux commandes d’un avion de l’armée de l’air française.